Lancée par deux autoentrepreneurs à l’automne 2019, notre menuiserie d’agencement La Goupille devient une SCOP au 1er avril 2021. La récompense d’un dur travail et une porte ouverte vers de nouveaux horizons !
Au commencement : une rencontre et une certaine vision du travail
Les deux instigateurs du projet, Guillaume et Marjolaine, se sont rencontrés il y a deux ans, lors de leur passage comme salariés dans le bar-restaurant Le Bieristan, à Villeurbanne.

Guillaume a une formation de menuisier, et Marjolaine d’architecte. Les deux souhaitent mettre en pratique leurs compétences. L’idée de monter un atelier commun germe aussitôt. Pourquoi ne pas aussi en profiter pour s’installer dans une ville plus petite, à échelle plus humaine ?
Mais leur ambition est également de s’intégrer dans l’économie sociale et solidaire. Le Bieristan est en effet une Société coopérative et participative (SCOP). C’est le cas de toutes les entreprises du groupement dont il fait partie : le Grenade. Cette expérience humaine privilégiée, où l’absence de hiérarchie et l’accent mis sur la défense du bien-être des salariés permettent de travailler dans d’excellentes conditions, a marqué Guillaume et Marjolaine.

Le projet est donc né : créer un atelier de menuiserie et d’architecture en SCOP !
Avant le passage en SCOP, acquérir de l’expérience en menuiserie
Les porteurs de projet entrent en contact avec le Grenade, qui accepte de les accompagner.
Mais la création d’une SCOP, c’est d’abord la création d’une entreprise. Avec toutes les exigences de planification et de rentabilité imposées par l’économie de marché – et en premier lieu par les banques. Pour lancer pleinement l’activité, il faut en effet investir dans du matériel (des machines, un local, un camion, etc.), prévoir le versement des salaires et le paiement des charges, et constituer un dossier solide avec budget prévisionnel et autres joyeusetés. Sans expérience, montée trop rapidement, chargée d’investissements trop importants, la création d’une entreprise peut se révéler difficile… voire très périlleuse.
Plutôt que de débuter leur activité directement en SCOP, Guillaume et Marjolaine prennent donc la décision de réaliser une première année test en auto-entrepreneurs, l’un en tant que menuisier-agenceur et l’autre comme architecte. L’idée est d’organiser sur le terrain la dynamique du travail et de vérifier l’existence de la demande.
Et c’est à Romans-sur-Isère qu’ils louent leur premier local commercial pour y installer leur atelier. Situé place Perrot-de-Verdun, en plein centre historique, il offre peu d’espace (40 m2) et peu de passage, mais a le mérite de rentrer dans le budget !

Un an et demi de menuiserie et d’architecture intérieure
Très rapidement, les premiers chantiers arrivent. Ce démarrage immédiat s’explique par deux facteurs : le rayonnement du Grenade, et la volonté des deux nouveaux Romanais de s’intégrer dans la ville et ses environs.
Le réseau du Grenade fournit notamment quatre chantiers professionnels à Lyon et en Ardèche durant cette première année. Guillaume et Marjolaine réalisent ainsi des travaux d’agencement pour l’épicerie De l’autre côté de la rue (mural de rangement, présentoirs), le bar-restaurant Le Court-Circuit (comptoir, estrade, arrière-bar), Le Bieristan (bureaux et mobilier extérieur) et l’Auberge de Boffres (comptoir, estrade, arrière-bar, rangements muraux pour l’épicerie).

Mais La Goupille obtient aussi d’autres chantiers de menuiserie, professionnels et particuliers, via diverses rencontres à Romans-sur-Isère et dans la région, ainsi que par le bouche-à-oreille. Citons par exemple Le Fou de la Dame (bar à jeux à Romans), Au pré d’ici (restaurant à Annonay) ou encore la boulangerie en SCOP Le Pain des Cairns, à Grenoble.
Pour un panorama plus exhaustif (et en photos) des chantiers et meubles réalisés jusqu’à aujourd’hui, rendez-vous dans la section Réalisations.
Bilan de l’année-test : une réussite
Le pari est donc gagné pour les deux auto-entrepreneurs sur le plan purement économique. La demande est là, les commandes affluent, la production suit (tant bien que mal !). Cette année test est une réussite.
Mais d’une manière générale, dans le contexte si particulier de l’année 2020, une intuition plus humaine s’est également vérifiée. Les valeurs portées par La Goupille (le bien-être au travail, l’artisanat, l’approvisionnement local, le réemploi) correspondent à celles qu’une partie croissante de la population, à Romans comme ailleurs, souhaite voir remises au premier plan.
Néanmoins l’acquisition d’expérience s’est faite dans la douleur des errements organisationnels et de la surcharge de travail. Pour faire de La Goupille une menuiserie en SCOP, il faudra donc organiser et rationaliser davantage l’activité. Pour cela, deux objectifs prioritaires : un atelier plus grand, et un troisième Goupillon.
Et la menuiserie devint une SCOP
En octobre 2020, La Goupille déménage et s’installe au 16 côte Jacquemart, toujours en plein centre historique. La côte Jacquemart a une particularité notable : elle constitue une sorte de « rue des artisans », pavée et charmante, bien plus passagère que la place Perrot-de-Verdun.
L’atelier de 100 m2 fournit un espace suffisant pour assurer toutes les étapes de la production sans se marcher dessus. Il dispose aussi d’une vitrine d’angle qui permet de proposer un espace de vente directe aux visiteurs de passage dans la rue.

Vous pouvez découvrir les meubles de la vitrine dans la partie Boutique du site.
La taille de l’atelier permet aussi de réaliser une étape importante du projet : le passage de l’effectif à trois personnes. Ancien de la restauration et notamment salarié du Bieristan pendant deux ans, Thomas intègre le projet courant 2020.

À partir de ce moment, l’équipe des porteurs de projet est au complet. Nous nous lançons donc dans la constitution du dossier pour obtenir les financements dont nous avons besoin pour le passage en SCOP. L’opération est difficile : aucun d’entre nous ne maîtrise les outils d’analyse et de planification stratégique et commerciale. Heureusement, nous sommes accompagnés par le Grenade et l’URSCOP. Ils réalisent un boulot formidable et nous guident patiemment pour nous faire accoucher d’un projet solide.
Quelques mois de travail plus tard, nous obtenons l’aval de tous nos interlocuteurs ainsi que les financements tant espérés, et demandons l’immatriculation de la SCOP au 1er avril 2021.
Et maintenant ?
Le passage en SARL et le statut de SCOP nous permettent de quitter la précarité des micro-entreprises et d’envisager l’avenir avec beaucoup plus de sérénité. Salariés-associés d’une SARL, nous sommes davantage protégés par le droit du travail et les fameux « acquis sociaux ». Mais nous sommes aussi et surtout impliqués, par les statuts mêmes de la SCOP, dans une organisation visant à faire s’épanouir les individus dans l’entreprise. Car si le travail ne peut fournir la totalité des conditions nécessaires au bonheur, il a en revanche le pouvoir de l’entraver gravement s’il n’est pas suffisamment encadré. Nous avons fait le choix de la SCOP car nous pensons que ce type d’entreprise, en tout cas tel qu’il est mis en pratique au sein du Grenade, permet de se doter de toutes les armes pour neutraliser les effets nocifs du travail tout en exploitant ses vertus.

Sur la base de cette nouvelle organisation, nous avons beaucoup de projets pour les mois prochains. Nous vous les détaillerons au fil du temps dans notre rubrique Actualités. Pour ne rien manquer, assurez-vous également de vous abonner à nos comptes Facebook et Instagram !