Acheter un camion pour notre menuiserie nous est apparu comme un impératif. Nous avons en effet travaillé un an et demi avec des véhicules de location et en avons mesuré toutes les limites. Mais acquérir son propre outil de déplacement et de livraison représente un gros investissement. Or les financements que nous avons réunis pour la création de la SCOP nous imposaient un budget relativement limité pour ce véhicule. Se posaient également tout un tas de questions sur le modèle le plus adapté à notre utilisation. Dans cet article, nous expliquerons donc les choix que nous avons faits. En espérant que cet exemple vous éclaire sur l’achat d’un camion pour votre menuiserie !
Un an et demi de menuiserie avec des camions de location
Avant de créer la coopérative dans laquelle nous travaillons aujourd’hui, nous avons exercé notre activité de menuisiers d’agencement en auto-entrepreneurs pendant un an et demi. Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire notre article sur notre passage en SCOP. Durant cette première période, notre budget ne nous permettait pas d’acheter de camion. Il a donc fallu composer avec des utilitaires de location, loués ponctuellement en fonction des besoins.
Nous ne pouvions pas travailler sans véhicule. En effet, certains de nos clients ne sont pas en mesure de venir chercher leurs meubles à l’atelier. Nous proposions donc un service de livraison, mais qui restait très onéreux. Un prix qui gonflait en raison de coût direct de la location, mais aussi du temps de travail passé pour réserver les véhicules, se déplacer jusqu’au parking, payer, etc.

À l’inconvénient du prix très élevé du trajet, il fallait aussi ajouter celui, moins tangible mais bien réel, du stress. Une livraison qui devient urgente en raison des délais ? Nous tentons une réservation tardive mais notre loueur habituel n’a plus de véhicule disponible, il faut en chercher un autre ailleurs. La réservation est faite ? Nous recevons un coup de fil la veille pour nous dire que le parc ne contient plus de véhicule de la dimension que nous avions demandée, et qu’on nous en propose un d’une longueur inadaptée. Le camion est loué, la livraison est en cours ? Il faut alors conduire et se garer avec l’angoisse de la grosse rayure qui fera sauter la caution…
Bref, tout nous poussait à l’achat d’un camion pour notre menuiserie. Nous l’avons donc intégré au budget prévisionnel de notre société. Restait à trouver une bonne affaire !
Faut-il acheter un véhicule neuf ou d’occasion ?
Un budget prévisionnel n’est pas une science exacte : c’est une prévision, nécessairement imparfaite. Et cette incertitude impose de se montrer un minimum prudent. C’est pourquoi nous avons choisi de rester raisonnables dans l’achat du camion. Nous aurions pu nous porter vers un véhicule neuf, avec toutes les garanties que ce choix nous aurait apportées. Mais certains utilitaires d’occasion présentent peu de défauts, peu de kilométrage, peu de différences au final avec des neufs, pour un prix nettement réduit.
Notre camion est une sorte de seconde vitrine de l’entreprise, et il faut donc qu’il présente assez bien. Nous avions ainsi besoin d’un véhicule propre et sans gros défaut à l’extérieur. Dans la cabine, nous voulions les options minimales qui permettent une conduite confortable, sans partir sur des gadgets inutiles. En réalité, beaucoup de constructeurs proposent désormais beaucoup d’options de base, il ne nous a donc pas été trop difficile, par exemple, de trouver un camion avec GPS intégré. Enfin, dans le coffre, nous n’avions pas besoin du grand luxe, mais de quelque chose de fonctionnel : un coffrage solide, un espace optimisé et des accroches nombreuses pour sangler les meubles.
Il nous a donc semblé que notre activité ne nous imposait pas l’achat d’un véhicule neuf, et qu’un camion d’occasion suffirait à nos besoins. Notre budget nous permettait un achat autour de 15 000 € HT. Mais bien sûr, le prix dépend de la dimension choisie.
Le meilleur choix pour notre menuiserie : un camion L2H2
Les catégories de dimensions de camions
Pour ceux qui ne sont pas familiers des utilitaires, les constructeurs les classent en catégories selon leur longueur (L) et leur hauteur (H). Ainsi plus la valeur de L ou de H augmente, plus le camion est long ou haut. Par exemple un camion L1H1 aura la même longueur qu’un camion L1H2 du même constructeur, mais une hauteur inférieure. Vous trouverez facilement les dimensions des utilitaires sur Internet, en fonction des constructeurs.
Certains des meubles sur mesure que nous fabriquons pour les professionnels et particuliers peuvent atteindre des dimensions importantes.

Nous réalisons une partie de ces ouvrages sur place, mais plus le camion acheté est long, plus nous sommes en mesure de fabriquer à l’atelier. Et donc de gagner du temps (la fabrication à l’atelier élimine beaucoup d’impondérables), et ainsi de faire baisser nos prix.
Mais nous voulions également que le camion de notre menuiserie puisse nous permettre de charger du bois directement chez nos fournisseurs, afin d’économiser des frais de livraison. Nous travaillons beaucoup, par exemple, avec du panneau 3 plis en épicéa, et notre fournisseur habituel (CICA) nous les propose en format 5 m x 2,05 m. Hors de question d’acheter un camion de 5m de long bien sûr… Mais en faisant couper les panneaux à la moitié, nous obtenons une longueur de 2,5 m sur une hauteur de 2,05 m, qui nous donne une bonne idée de la dimension minimale du coffre.
Bien mesurer les dimensions et anticiper le plan de chargement
Concernant les dimensions du coffre justement, attention aux calculs… Pour être sûr que le chargement passe à l’arrière, il faut prendre en compte la longueur, la largeur et la hauteur utiles réelles. Ce qui implique de bien prendre en compte tout ce qui peut faire obstacle. Par exemple : le coffrage des roues ou l’avancée de la cabine, qui réduisent la largeur et la longueur. Bien penser aussi à mesurer la porte ! Car c’est une chose que le coffre puisse contenir les meubles ou les panneaux, c’en est une autre de les faire passer d’abord par la porte, nécessairement plus étroite…

Enfin, avant d’entreprendre le chargement d’une grande quantité de matériel, il est nécessaire de réfléchir à la manière dont vous allez agencer les différents éléments dans le coffre. Sur le papier, il est possible de faire entrer 10 panneaux, 10 plans de travail et 20 lambourdes ? Parfait, mais les panneaux ne tiendront pas en hauteur sur leur chant et seront donc posés en diagonale. Il faut en même temps qu’ils laissent suffisamment de place aux plans de travail et aux lambourdes. Or ceux-ci devront être posés sur le sol du coffre pour ne pas exercer de pression sur les panneaux et les déformer… Y a-t-il donc assez de place pour faire tenir 10 panneaux en diagonale et le reste au sol ? Rien n’est moins sûr…

Bref, pour ne pas avoir de mauvaise surprise, choisissez aussi la taille de votre véhicule en fonction de la nature du matériel que vous allez transporter.
Circuler et se garer dans Romans-sur-Isère (et ailleurs)
Notre atelier se trouve en plein centre historique semi-piéton de Romans-sur-Isère (dans la Drôme). Y accéder n’est donc pas des plus simple. Pour amener l’arrière du camion devant la porte, il faut manœuvrer dans les rues étroites. Quant aux places de parking, elles existent, mais il reste évident que plus notre véhicule est long, plus nous aurons de difficultés à stationner.

Ces problèmes sont les mêmes lorsque nous apportons notre matériel sur les chantiers ou livrons nos meubles chez nos clients. Une récente escapade sur le chantier d’un bar-restaurant à Villeurbanne (pour lequel nous fabriquons un comptoir et deux estrades) nous a montrés à quel point il pouvait être difficile de circuler avec un utilitaire encombrant dans une grande ville.
Avec toutes ces données en tête, en ce qui nous concerne, nous nous sommes donc orientés vers un L2H2 !
Camion de menuiserie : une galerie sur le toit… et une sur le côté ?
Dernière précision sur la taille du camion : il est possible de compenser des dimensions restreintes en installant des galeries. Les galeries de toit sont bien connues. Elles permettent de transporter du matériel long, stockable à plat. Pour notre menuiserie, une galerie nous permettrait par exemple de poser les plans de travail dont nous avons besoin pour construire, entre autres, des comptoirs de bar.
Mais une galerie de toit présente un gros inconvénient : elle ne permet pas de transporter de grandes largeurs. Impossible pour nous d’y attacher par exemple des panneaux de 2,05 m de large. Heureusement, il existe des porte-charges latéraux, très utilisés par les vitriers notamment.

Il faut noter deux réserves importantes sur les porte-charges latéraux. D’abord, le poids maximal de chargement est limité, pour des raisons évidentes de stabilité du véhicule. Mais il faut aussi avoir en tête l’augmentation de la largeur du véhicule, avec tous les tracas que cette contrainte occasionnera.
Autre problème : les galeries et porte-charges, ça a un prix. Et ce n’est pas donné, puisqu’il faut compter environ 3000 € pour les deux. Dans un premier temps, nous avons donc choisi de nous en passer.
Notre choix final
Notre camion de menuiserie est donc un Renault Master L2H2 d’occasion, sans galerie, 40 000 km au compteur, au prix un peu supérieur au montant indiqué dans notre prévisionnel, mais qui nous donne toute satisfaction !

Et maintenant une question se pose : flocage ou pas flocage de notre logo sur le camion ? Il y a des pour et des contre. Si vous avez un avis, n’hésitez pas à nous le donner en commentaire !
Ho bah oui flocage, moins de négociation/amendes avec la police pour se garer en livraison. Vous avez un joli logo…dommage d’en priver les passants et évidemment une clientèle potentielle. Bisous à vous 3
Flocage = braquage !
Ça résume bien notre hésitation !